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mardi 1 janvier 2019



L'adieu à Jean-Paul mon frère.




   Caro Diario 




      Maman arriva à la maison ce vingt-trois octobre 1963 à dix-neuf heures.
      Surprise, je vis qu'elle ramenait toutes les affaires de mon frère Jean-Paul,
Qui depuis des mois était à l’hôpital pour une leucémie aiguë.




     A treize ans dans ces années-là, je ne savais pas grand-chose des maladies. 


    Ni de la vie en général, mais pour moi, cela ne pouvait pas être mortel.

     Mais voir revenir toutes ses affaires à la maison me mit mal à l'aise méfiante et soupçonneuse,
J'ai senti ma boule au ventre revenir.

     Je lui ai demandé pourquoi, mais la seule réponse de maman fut :
« Prépare une soupe de vermicelles pour tes frères».

      Affolée, je suis alors partie en courant sans m’arrêter jusqu'à l’hôpital Émile Roux. 
    Dans le noir, presque deux kilomètres que j'ai faits sans m'en rendre compte et sans être essoufflée.

     Arrivée dans la chambre de mon frère, mon père, assis sur son lit, lui parlait tout bas.

    Je l'ai entendu lui dire à l’oreille : « Martine est là.» 
Puis il m’a dit que c'était la fin, qu'il devenait sourd et aveugle.
    Alors, je lui ai dit adieu, je l'ai embrassé avec des larmes dans les yeux,
    Et je suis partie comme j'étais venue.
J'ai couru pour rentrer à la maison,
 monté les escaliers quatre à quatre jusqu'au troisième étage,
Et fait cuire la soupe de vermicelles pour mes frères.

 Mais j'avais fait mes adieux ce jour-là à mon frère.

Depuis ce jour, mon frère Michel n’a plus  parlé comme avant,

Il avait perdu son double. 
 



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