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mardi 28 mai 2019



La cave et le charbon

  Caro Diario 

 Le Puy année 1957








Je me souviens qu'avec mon frère ainé,  petits déjà, on était de corvée de charbon.
On descendait dans la cave pour aller chercher cet or noir qui nous tenait si chaud.
Dans la cuisine il y avait un fourneau blanc,
Qui était gourmand de ces boulets noirs et qui les brûlait si rapidement.
" La cave."
L’antre du diable où il fallait aller une fois par jour pour aider maman,
qui avait souvent un gros ventre.
Il y avait trois caves, et bien sûr, celle où l'on devait aller, était tout au fond.
La plus grande, la plus sombre.
Sa voûte était tapissée de toiles d’araignées géantes et velues.
 
Avec  mon frère, j'avais moins peur,
Mais je cherchais toujours sa main que je ne trouvais pas  pour me donner du courage,
Et il avait bien besoin de ses deux mains car
Le seau était trop lourd pour lui.
Il le portait avec peine  et courage jusqu'au troisième étage.
Et toujours, il est arrivé en haut sans encombre,
Sauf une fois où le seau lui a échappé des mains
 En dévalant l'escalier avec ses précieux boulets noirs.
Là, on n’était pas fiers et grand-père a crié contre maman.
L'escalier était plein de poussière de charbon,
On a ramassé les boulets et maman a nettoyé.
 Puis, un jour, un poêle à mazout a fait son apparition dans la cuisine.
Plus de seau à charbon,  
Mais un jerrican qu’il fallait  faire remplir à la station service du marché .
C’est sûr on y perdait au change, c'était encore bien plus loin…
La cave, c'était fini.
Mais, plus tard quand mes petits frères avaient grandi
Elle devint pour nous un endroit où l’on  jouait à cache-cache,

Et, point de peur :

                                          On était grands.


 



               Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs







 

lundi 27 mai 2019




LA COQUETTE




    

      Chaque matin, Monsieur Durant pharmacien préparait le petit-déjeuner de Madame. Il était heureux qu’elle ait accepté de devenir sa femme et en bénissait le ciel tous les jours. C'était une ancienne cliente de son officine, depuis qu’il avait ouvert un petit rayon de cosmétiques et de crèmes de soins naturels, idée qu’il avait retenue en observant ses conquêtes parisiennes.

   Au cours des semaines il avait apprécié sa beauté et son maintient. Les hommes et les femmes se retournaient tous sur son passage. Quand elle marchait tout n’était que grâce et distinction. Ses magnifiques cheveux longs ondulés, d’un blond vénitien brillaient au soleil, avec des reflets du plus bel effet. Il n’avait jamais vu une si belle chevelure, il était conquis. 

    Vu son rang et sa position de notable il n’y avait pas d’autre épouse possible pour lui à ses yeux. Il avait fait sa cour et sa demande, surpris qu’elle soit acceptée. Lui aussi était un beau parti, chimiste de profession à Paris et apothicaire par devoir, il avait repris la succession de son père dans la ville où la clientèle était nombreuse et sans aucune concurrence à cinquante kilomètres à la ronde.

    Son activité lui assurait un niveau de vie plus que confortable. Il avait du personnels à l’officine et une bonne à l’étage pour la tenue de la maison. L’immeuble, son appartement et la pharmacie lui appartenaient, il y avait l'eau sur l'évier, le téléphone, le gaz de ville ce que tout le monde lui enviait. Il ne regrettait plus la vie trépidante de la capitale, le Paris de la belle époque et les petites femmes de Pigalle, il lui fallait se marier et fonder une famille .

    Maintenant avec son épouse au bras, lui aussi ne passait pas inaperçu. Il était intégré dans ce monde de la bourgeoisie de province et reconnu pour ses compétences. Son épouse était invitée par la femme du notaire, son amie et cela le flattait. 

   Puis, il en prit ombrage, Madame était trop souvent invitée pendant sa pause. Elle était de plus en plus absente pour le rituel de son thé à seize heures. Le seul instant de repos qu’il s’accordait depuis le matin. Il adorait cet instant privilégié avec elle, ou en buvant son thé brûlant servit avec tout un choix de pâtisseries, il pouvait parler de choses et d’autres en sa précieuse compagnie.
 
  C’était un instant magique pour lui qu'il l’attendait toute la journée. Elle pouvait s’absenter pour aller chez ses amies quand elle voulait, mais pas pendant son temps de repos. C’était sacré pour lui. Il le lui avait dit, mais elle n’avait rien changé à sa façon d'administrer son emploi du temps.

      Il continuait quand même tous les matins à lui préparer, lui-même son petit-déjeuner au lit, en mari passionné. Depuis quelque temps, la jolie chevelure de Madame, perdait de son éclat, elle était moins brillante et elle commençait à perdre ses cheveux. Inquiet, il prit dans les rayons cosmétiques de la pharmacie, des baumes et huiles essentielles pour nourrir la chevelure de sa femme. Il lui conseilla de couper quelques centimètres de cheveux pour les fortifier et lui administra un traitement de sa composition pour en arrêter la chute.

    Mais rien n'y faisait, de jour en jour ses cheveux restaient accrochés aux poils de sa brosse. Le matin, son oreiller était couvert de sa toison d’or, au grand dam de son épouse. Monsieur Durant, en homme attentionné et épris, fit venir en plus grand secret un perruquier de Paris, afin qu’il lui confectionne un choix de perruques en cheveux naturels. En tout, dix magnifiques postiches, aussi vraies que nature.

    Madame ne souffrait de rien d’autre, que de la perte de ses cheveux, elle avait bon appétit, finissait toujours son petit-déjeuner prenant consciencieusement les vitamines préparées par son mari. Elle était ravie des ses nouveaux couvre-chefs, bien que surprise de sa brusque chute de cheveux.
  
   Maintenant, elle ne manquait jamais le rituel du thé, avec sa perruque sur la tête. Depuis la perte de ses cheveux, madame refusait de sortir, malgré les encouragements de son mari, elle ne passait plus le seuil de la porte. La peur que sa perruque bouge en public, que ses amies s’en aperçoivent la traumatisait et elle vivait cette situation comme une honte.

    Elle attendait tranquillement, la repousse de sa chevelure à la maison, avec patience, elle faisait confiance à la médecine de son pharmacien de mari. Elle se trouvait laide, son époux essayait de la rassurer, il la trouvait toujours aussi gracieuse et belle qu’avant et le lui disait tous les jours.

   Demain matin, amoureusement, il pilerait un mélange de vitamines de sa fabrication dans un mortier et le mélangerait au liquide d'une petite fiole en verre, qui ne quittait jamais la poche de son veston. En mari galant et attentionné, chaque matin il préparait la potion de Madame, car tant qu’elle en boirait, elle perdrait ses cheveux et assisterait au rituel du thé, si cher à son cœur. 

     Mais depuis quelque temps, Madame ne mangeait plus le matin, des nausées étaient apparues et son ventre se gonflait. Elle ne touchait plus à son petit-déjeuner, mais n'en disait rien à son mari, voulant être certaine de cette futur grossesse.

    Sa chevelure recommençait à reprendre du volume, elle était reconnaissante à son époux pour lui avoir trouvé un si bon traitement. Elle allait lui faire part de sa joie d'être enceinte à l’occasion du thé de l'après-midi.

     En se recoiffant ce matin-là, dans le miroir, elle vit son époux sortir de son veston une fiole et en mettre quelques des gouttes dans son déjeuner. Elle allait lui dire qu'elle n'avait pas faim, quand il s'absenta un moment, une patiente demandait une médication particulière.

    Devant son petit-déjeuner, une fiole oubliée remplie d'un liquide jaunâtre, avec une étiquette en latin, écrite en lettre d'or, suivie d'une mise en garde en français, sur les effets indésirables, la seule chose qu'elle vit était
« chutes de cheveux importantes ». 

    Son sang ne fit qu'un tour et lui monta à la tête, la sueur coulait sur son front, elle se ressaisie, remit la fiole dans le plateau à côté de son bol. Elle avait compris que maintenant il ne lui fallait plus manger ce que son mari préparait.

    A seize heures pour le thé, dans la tasse de son mari, elle ajouterait quelques gouttes de ce liquide jaunâtre, sortis discrètement de la poche du veston.

   Le mari devrait rapidement, lui aussi demander la visite du perruquier pour faire face à une importante et anormale chute de cheveux.
 

 
   

                            
                       Retrouvez cette nouvelle dans mon recueil "A L'ABRI DES REGARDS"





mercredi 22 mai 2019

                         



                                  JE SERAI AU SALON DU PUY LE 22 ET 23 JUIN 2019






jeudi 2 mai 2019

                                                                 


AUTEURE EDILIVRE
MARTINE MOLLON