Le départ de Papa
Le clap de fin
Caro Diario 1966
A la place de la halle,
La vie de la famille que l’on avait connue était déjà
révolue.
Papa partait,
Il nous laissait pour une nouvelle vie, une nouvelle
femme,
Et allait vivre avec elle dans notre maison de
campagne à Saint-Austremoine.
Les deux grosses valises de la collection étaient sur
le palier,
Elles allaient maintenant habiller une autre femme.
C’était la fin de notre vie ensemble.
Après son départ, mon frère, le plus grand,
Se tourna vers ses copains et s’éloigna des plus
petits.
Michel parla moins, Philippe fugua de plus en plus
et toujours plus loin.
Maman, qui travaillait tard la nuit,
Rentrait du travail vers deux ou trois heures du
matin.
On était seuls.
De notre vie d’avant,
Il ne restait que les plus petits et le plus vieux,
Grand-père, lui aussi, était seul depuis le départ
rapide de grand-mère Marcelle,
Elle avait suivi très vite Jean-Paul. J’ai toujours pensé que la mort de Jean-Paul avait
précipité son départ.
Elle aussi avait connu le grand chagrin, la perte de
son fils Georges à la guerre.
Grand-père était maintenant le seul adulte à la
maison.
On jouait des après-midi entiers aux cartes avec
lui,
C’était notre nouveau pilier familial.
Quand papa était sur le pas de la porte,
Je lisais dans ses yeux, qu’il aimait toujours
maman,
Et dans les yeux de maman j’en suis sûre, il y avait
aussi cette lueur.
Maman aussi l’aimait, mais elle ne le savait pas.
Papa avait aimé maman comme personne, il avait
été fou d’amour pour elle.
Ils étaient faits l’un pour l’autre,
Mais ils n’avaient pas trouvé le mode d’emploi.
CECI EST LE CLAP DE FIN,
Écrit sur mon enfance,
De ma naissance au départ de mon Père.
Il y a eu plein d’autres choses vécues avec maman,
Mais après, c’est une autre vie, une autre histoire.
Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs
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