Caro Diario
Ma ville notre terrain
de jeux
Le Puy-en-Velay 1956
Ville de notre enfance, formidable, magnifique, parfaite pour des enfants et pour y vivre.
Ni grande, ni petite, pleine de ruelles
étroites comme des coupe-gorge.
Enfant, on pouvait jouer dans toutes
ces rues,
Elles étaient tellement étroites que
les voitures ne pouvaient pas y passer.
George Sand avait raison, ville
pittoresque et moyenâgeuse.
On n’en connaissait pas tous les
noms,
Mais on les avait toutes parcourues, un
jour ou l'autre.
Partout, dans chaque recoin,
il y avait de quoi faire nos jeux,
De bandits de grands chemins, de
chevaliers,
De voyous, de soldats, et de princes
et princesses,
Tous les personnages y étaient
possibles.
Toute la journée, des bandes de gamins
Couraient dans tous les sens de
la vielle ville, la ville haute.
On attaquait la vierge sur son rocher, et on se battait à
l'intérieur de son ventre.On donnait l'assaut au rocher Saint-Michel, en montant les deux cents soixante-huit marches.
En passant par les escaliers
de la place du Clauzel,
On empruntait le
couloir traversier de l'imprimerie .
Au passage on fouillait les poubelles
pour prendre les petites plaques de moules,
Coulées d'un alliage étain-plomb
formant une ligne-bloc d'un seul tenant.
Elles avaient encore des caractères
d’imprimerie,
On s'amusait à les
déchiffrer comme si c’était un code secret.
On ressortait par la rue du Bouillon
pour accéder à la montée de la cathédrale,
Et à la pierre des fièvres, on se
couchait dessus et on faisait le mort.
On se cachait à l'intérieur de la
basilique et même parfois dans les confessionnaux,
D’où le prêtre nous chassait en
courant, en soulevant sa soutane pour ne pas s’affaler.
Et il nous maudissait de toutes
les flammes de l'enfer.
La ville était comme un château,
Et nous, on en était les habitants et
ses défenseurs.
Et tous, on aimait notre ville.
Notre Puy-en-Velay.
Et je pense que j'y retournerai un jour
pour y vivre à nouveau.
Pierre des fièvres
« Rien ne peut donner une idée de la beauté pittoresque de ce Bassin du Puy ;
Ce n’est pas la Suisse ;
c’est moins terrible ; ce n’est pas l’Italie ;
C’est plus
beau ; c’est la France Centrale avec tous ses Vésuves
éteints ;
Et revêtue d’une
splendide végétation…La Ville du Puy est
Partout pittoresque ;
c’est encore une Ville du Moyen Age »
George Sand dans : le Marquis de Villemer.
Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs"
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