La Jeannette
Les
allocations familiales
Et Grand-mère Marcelle
Caro Diario 1960
C'est la fin du mois,
midi et soir, on mange des pâtes,
Mais le gruyère râpé est toujours sur la
table,
Et comme toutes les
fins de mois, on manquait de sous.
Pour se dépanner,
maman nous envoyait mon frère ainé et moi,
Rendre la deuxième bouteille de gaz,
Contre les cinquante
francs de consigne.
Quand cela ne
suffisait pas, j’étais mandatée par maman pour aller
« Chez La
Jeannette »,
Dans
son restaurant au pied de la maison, pour lui demander de nous prêter
cinquante francs
Brave femme
cette Jeannette, toujours prête à nous rendre service.
Car on attendait
Le Grand Georges, qui
avec sa sacoche noire nous apportait,
Nos précieuses allocations familiales.
Maman lui laissait
toujours les petits sous, ce que je trouvais injuste,
Car il avait
un travail, et c'était nos sous.
On voyait les billets
que maman posait sur la table, des billets, et des billets.
C’était la fête
à la maison, et mon frère les comptait au
fur et à mesure.
Alors maman payait
tout ce que l'on devait.
Et les provisios
remplissaient à nouveau le placard et on avait du mal à fermer la porte,
Et même on
faisait des réserves pour la fin du mois.
Parfois Grand-mère Marcelle venait,
quand maman n’était pas là,
Avec des
provisions
Épicerie, gâteaux,
bonbons que je cachais au fond du placard.
Sans rien dire à
personne, maman, quand elle était en colère contre grand-mère,
Passait tout
par la fenêtre et dans l'escalier,
Provisions et
vêtements neufs que grand-mère nous avait achetés,
Ce qui me faisait
pleurer, car maman avait sa fierté.
Mais moi je m'en
fichais bien des états d'âme de notre mère.
Alors je cachais tout
ce que grand-mère me donnait,
Au fond du placard et
même parfois au grenier,
Et je
le ressortais petit à petit discrètement.
On en a bien profité,
mes frères et moi des largesses de Mémé,
Je n’ai pas de
regret d'avoir comploté avec grand-mère.
Et on a bien fait,
Car elle est
partie bien trop vite rejoindre Jean-Paul.
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