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lundi 27 janvier 2020






Double vie







    

     Louise, jeune femme de vingt-cinq ans, était mariée depuis un an avec un homme merveilleux, beau, sportif, il était aux petits soins pour elle, et toutes ses amies l’enviaient. 

    À la date de leur premier anniversaire de mariage, il lui avait offert une paire de boucles d’oreilles en diamant. Tout était parfait comme dans le meilleur des mondes. Sauf que depuis une semaine, les choses étaient moins romantiques. 

     Louise avait eu pour la première fois, des critiques, des reproches sur la tenue et l’agencement de la maison. La poussière mal faite, le placard en désordre, les objets déplacés, rien de ce qu’elle faisait n’avait plus grâce à ses yeux. 

   Elle devait se consacrer exclusivement à lui et à son habitation, en parfaite maîtresse de maison et femme au foyer. Louise était une jeune femme moderne, ouverte d’esprit et ne l’avait pas pris au sérieux. Pour la châtier, il avait dû sévir, elle avait essuyé une série de coups de poing sur la poitrine, les bras et le visage, de femme heureuse, elle était devenue une femme battue et terrorisée. 

   Elle ne pouvait en parler à personne, son mari était tellement parfait aux yeux de tous. Elle ne portait plus jamais de manches courtes et ne sortait jamais sans lunettes. Pour un rien les coups tombaient, ensuite il demandait pardon en la couvrant de cadeaux, tous plus beaux les uns que les autres, une fois sa colère passée, le calme revenait dans l’appartement. Elle avait été passionnément amoureuse de cet homme, mais en fille intelligente et courageuse, elle savait que rien ne l’arrêterait. 

     Après ses coups, il revenait honteux, repentant, en jurant qu’il ne le ferait plus et lui offrait la lune pour se faire pardonner. Louise le regarda amoureusement et se blottit dans ses bras, en lui faisant part de son désir d’aller au bord du lac, comme quand elle était enfant avec sa mère. Il lui promit et le lendemain, ils partirent pour une longue balade en amoureux. La journée étant froide, ils ne seraient pas dérangés par les promeneurs pour leur randonnée romantique au bord du lac. 

   Ce matin-là, Louise était tout sourire, charmante, obéissante et d’un calme olympien. Elle fit garer la voiture au bord du rivage, pour admirer la beauté et l’immensité de l’étendue d’eau, puis se glissa tendrement dans les bras de son mari. Au moment où il s’y attendait le moins, avec une arme paralysante délivrant une décharge électrique et un jet de gaz au poivre, elle le neutralisa d’abord au corps puis au visage. 

   Paralysé, mais conscient, il la regarda sans comprendre pourquoi elle s’en prenait à lui. Il essaya de parler, mais rien ne sortit de sa bouche tétanisée, ses yeux étaient rougis et aveuglés par des larmes piquantes. Elle le regarda sans compassion, avec mépris et dégoût, calmement, elle mit le moteur en route, glaces ouvertes, le pied de son mari sur l’accélérateur et hors de la voiture, elle desserra le frein à main. Celle-ci continua sur sa lancée et disparut dans l’eau sombre et la profondeur du lac. Elle avait agi. 

   Ce n’était pas un autre salopard qui allait avoir raison d’elle, en un instant son amour pour lui était devenu de la haine et son instinct de survie lui était revenu. Mais ce que ne savait pas son mari, c’était qu’elle avait un passé. Enfant, elle avait vécu avec un beau-père brutal et alcoolique, sa mère en avait subi les coups et Louise avait appris à s’en méfier et à s’en défendre. Un jour, il avait disparu et n’avait plus donné signe de vie. 

    Il tournait autour de Louise, chaque fois que sa mère était absente et elle avait du mal à repousser ses ardeurs et à s’enfuir. Le jour de sa disparition, il était venu la chercher en camionnette à la sortie de l’école, arrivé vers le lac, il avait tenté de la violenter, mais Louise était sur ses gardes. De sa poche, elle avait sorti sa bombe antiagression et lui avait pulvérisé le gaz dans les yeux. 

   Avec le démonte-pneu pris sous le siège elle l’avait frappé et assommé, mit une pierre sur l’accélérateur, passé la vitesse et la voiture avait dévalé la pente et disparu dans le gouffre du lac, où elle était encore. Personne n’avait retrouvé le premier véhicule, alors celui-ci pouvait bien y rester, pour un long moment encore. De retour à la maison, Louise signalerait la disparition de son mari à la police, tout le monde la plaindrait, c était un couple tellement parfait et que l’on donnait en exemple.

    Cela lui laisserait le temps, progressivement, de préparer son départ et de vider le compte en banque de son défunt mari. Après quelque mois, ne supportant plus sa solitude, elle déménagerait pour retourner vivre dans sa famille. Elle partirait loin, vers d’autres cieux plus cléments et pourquoi ne pas refaire sa vie si l’occasion s’en présentait avec un garçon digne de confiance ? Mais elle ne serait plus jamais un souffre-douleur, une victime, comme avait été sa mère toute sa vie. 

     De toute façon maintenant, elle savait se défendre et n’hésiterait pas, plus jamais personne ne poserait la main sur elle. Le lac serait toujours là, pour elle, personne n’en connaissait la profondeur, et son étendue d’eau noire était si trouble et dangereuse que les baigneurs et pêcheurs l’avaient déserté depuis longtemps. 
 




                     

                 Retrouvez cette nouvelle dans mon recueil "A L'ABRI DES REGARDS"
 





La Tata Marie 


   Caro Diario 


Le Puy 28 mars 1958








La coiffe blanche 

   Il y avait bien cette Tata Marie qui venait parfois chez mes grands-parents. La sœur de grand-père. Une très grande femme mince toujours habillée de noir,
Et qui portait sur sa tête la coiffe blanche du Velay. 

      Je l’ai toujours vue seule, sans mari, ni enfant, Alors je me disais que c’était peut-être ça « Une vieille fille ». Parfois elle me prenait par la main et on faisait une promenade ensemble. Elle me serrait dans ses bras, m’embrassait Et là elle semblait moins sévère. 

   Je l’aimais bien cette Tata Marie. Elle habitait Lyon où elle était gouvernante. Mais un jour dans la chambre de Pépé et Mémé, Il y avait sur deux chaises, une grande caisse en bois. 

    Sans que l’on me le dise, J’ai compris qu’elle était dedans, C’était mon premier mort. Et maintenant, Je ne pourrai plus lui demander, Où étaient son mari, et ses enfants, Car pour moi, à cette époque, Toutes les femmes avaient des enfants, C’était sûr. 
              Ma mère en avait bien, alors, Pourquoi pas elle. 

   La guerre de 1914 était passée par là et le gentil fiancé n'était pas revenu.





               

                     Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs











mercredi 22 janvier 2020



Visite mercredi matin 22 janvier 2020 de M. Nicolas de Maistre, Préfet de la Haute-Loire, Cécile Gallien maire de Vorey et les membres du bureau du Cyber2000 pendant l'initiation de généalogie.