Pages

jeudi 26 mars 2020






                                                   


                                                 Mon éditeur edilivre Paris





                           

                              Mes nouvelles publiée 
                               chez 2000REGARDS




                                                                    

                                                                Marque page 





                                                                 


                                                                 A l'abri des Regards












                                                         
                                                        Des Mots pour mes Maux


















                                                           

                                                             Contes de L'obscur

                                                     Nouvelles noires et mystérieuses













   












La collection de papa Le mouton doré

 Caro Diario 1960.






        Dans deux valises dures, une noire énorme et une marron de taille plus petite, Papa avait son précieux chargement. En taille quarante-deux, toute une collection de vêtements pour femmes, du dernier cri, le chic Parisien. 


        Suivant les saisons, ses valises pouvaient contenir l’été ou l’hiver. Papa donnait toujours la préférence à maman. En début de collection, elle avait le droit de prendre tout ce qui lui plaisait.

    Toutes les plus belles pièces étaient pour elle. Il faut dire que maman était très belle, Belle comme une actrice de cinéma, avec tout ce qu’il faut, là où il faut. 

  Brune, une taille fine, des hanches bien marquées et une poitrine bien en avant, Qui ne passait pas inaperçue. Le vêtement le plus beau de cet hiver 1959-1960, Était ce superbe manteau beige en mouton doré Qui lui allait si bien et qui lui tenait si chaud. 

    Personne dans le quartier n’était aussi bien habillé qu’elle. C’était notre vedette à nous, notre vedette de cinéma, Notre Brigitte Bardot, notre Marilyne Monroe. Maman était la plus belle, et je l’aimais de toutes mes forces. Et les valises ne servaient pas qu’au transport de la collection, Elles avaient aussi une autre utilisation. 

    La plus petite des deux, la marron, servait de lit à Philippe, Pendant nos vacances à la mer en camping. La plus grande, la noire, a servi plus tard, quand Filou avait grandi. 

   Comme toujours, le système débrouille était là pour le bien-être de la progéniture, Et les vacances n’étaient jamais loin dans nos esprits.  












   Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs






A la mer
Rien n’arrête la bête

Martine année 1959

   Caro Diario 







Sur la plage, maman allongée sur sa serviette, tranquille,
Enfin débarrassée de sa marmaille, pouvait se faire bronzer au soleil.
Papa avait prit la relève.
A quatre pattes dans le sable, il avançait, avec accrochés à lui, cinq enfants,
Qui avaient pour mission de le stopper dans sa course.
Papa criait :
 « Rien n’arrête la bête!»
Papa savait très bien qu'au bout d'un certain temps, il allait faiblir.
Alors, il prenait la direction de l’eau,
Et rentrait dans la mer toujours avec la marmaille accrochée à lui,
Les uns sur son dos, les autres à ses jambes et ses bras.
Quand il avait la tête sous l'eau, il pouvait se dégager de nous.
Comme on avait plus pied, les tasses étaient fréquentes.
 C’est comme ça que nous avons appris à nager.
La bête était plus maligne que nous.
C'était un papa génial,
Il savait tout faire, la cuisine, le ménage, le repassage, les courses,
"Mettre un enfant au monde",
 Surtout il nous aimait.
Mais de retour à la maison, je savais bien,
Que j'entendrai encore
Ce mot que maman disait souvent,
Quand elle était en colère.
Et je ne savais pas encore ce que cela voulait dire,
Mais rien de bon sûrement :
DIVORCE.






Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs





mardi 24 mars 2020


La course





     Après un an de mariage, Émia avait divorcé, jamais elle n’avait assumé ce mariage et aspirait au plus profond de son âme à fuir cette union où elle était enlisée et emprisonnée. Avec soulagement, elle avait retrouvé la quiétude de ses nuits, enfin débarrassée des ronflements, de la chaleur et la respiration de ce corps d’homme dans son lit. 
    
    À présent délivrée des entraves de cette union, elle n’envisageait plus la vie à deux, son avenir elle le voyait seule et l’amour n’avait jamais eu d’importance dans son existence. Pour elle il y avait trois façons d’aimer, avec le cœur, la tête, le corps et elle avait échoué aux trois. Son mari elle l’avait aimé avec sa tête, mais son cœur lui était fermé, son corps, elle le lui avait donné par obligation et résignation. 

   De l’amour, elle ne voulait rien et n’attendait rien, elle était hermétique à toutes ces formes et soulagée de ne plus avoir à le subir. Au décès de sa mère, elle avait épousé le premier venu, pour fuir le domicile familial et ne plus y revenir C’était une écorchée vive, expulser sa souffrance par le rejet d’aimer était plus facile que de sortir les mots restés refoulés et bloqués au fond de sa gorge. 

   Elle compensait son mal-être par le sport, depuis plusieurs mois, elle courait tous les jours, vêtue d’un jogging, elle parcourait d’une bonne foulée tous les sentiers de la région. Pourvue d’une grande endurance physique, d’une volonté inébranlable, elle avait atteint son objectif et un bon niveau. En participant à toutes les petites épreuves, hiver comme été, elle était fin prête pour la grande course, la course de sa vie.

    C’est en pleine forme et avec assurance qu’elle se présenta au départ de l’épreuve. Alignée derrière le ruban rouge avec les autres participants, elle attendait confiante le coup d’envoi pour s’élancer en direction de la ligne d’arrivée. Sans effort elle suivit le peloton de tête, après avoir parcouru quelques kilomètres, elle bifurqua dans un petit chemin de terre où elle se retrouva séparée des autres compétiteurs. 

    En marchant tranquillement, elle traversa le jardin arboré de la maison de repos, le regard braqué en direction d’un arbre centenaire, où un vieux Monsieur dans un fauteuil roulant dormait, protégé des rayons du soleil. Bouleversée et déterminée, elle l’observa quelques minutes sans bouger, puis en poussant le fauteuil du vieil homme endormi, elle s’éloigna furtivement à grandes enjambées, sa capuche enfoncée sur sa tête. Une fois sortie de la résidence, elle accéléra la cadence et c’est au pas de course qu’elle se dirigea jusqu’à l’esplanade vidée de ses occupants. 

   Au pied d’un large escalier, une belle fontaine accueillait les promeneurs de ses grands jets d’eau sortis du naseau des chevaux. Elle secoua brusquement le vieux Monsieur, réveillé en sursaut. Surpris, il la regarda en la toisant du regard, ce regard elle le connaissait, et il l’avait hantée toute sa vie. La seule parole qu’elle prononça fut : « C’est ton heure, va en enfer. » De toutes ses forces, elle poussa le fauteuil, qui marche par marche dévala la descente d’escalier de marbre blanc et finit retourné dans le bassin de la fontaine. 

    Ses roues continuaient à tourner dans le vide et le vieil homme, la tête fracassée sous l’eau, ne bougeait plus, il venait de faire son entrée dans les abîmes de l’enfer. Cela avait duré quelques minutes, elle aurait voulu que cet instant dure encore et encore pour compenser toutes ses années de souffrance et en ressentir une délivrance, mais elle n’en éprouvait aucun soulagement. Elle vérifia que personne ne l’avait vue accomplir son forfait ; rassurée, Émia reprit son parcours pour rejoindre le circuit à grandes enjambées sans être inquiétée. 

    Elle avait déjà rattrapé le peloton de queue, son cerveau était en ébullition et au comble de la confusion. Sa vengeance, elle l’avait ruminée depuis ses dix ans, en priant Dieu tous les soirs de la faire grandir vite et lui donner force et courage. Ce papa qui chaque nuit venait visiter son lit et lui faire mal, son odeur, sa respiration et ses ronflements l’avaient l’abîmée pour la vie et avaient fait d’elle une bannie de l’amour. 

    Sa mère alitée incapable de la défendre, avait laissé faire et en mourant l’avait abandonnée à son pervers de père. Elle avait fui après ce décès et s’était jetée dans les premiers bras venus, son envie de vengeance ne l’avait jamais quittée, il fallait qu’il paye, qu’elle le regarde dans les yeux, avant qu’ils se ferment à jamais. Dans son regard elle avait espéré du repentir, mais elle n’avait eu que du dédain et de l’arrogance. Elle se concentra sur sa course afin de réduire son retard, la douleur de ses muscles et les crampes de ses bras, elle devait les oublier pour être bien classée. 

   Elle fixa son attention sur ses jambes et comme un automate, mètre par mètre, rattrapa le peloton de tête. Elle maintint son rythme, la délivrance et son alibi étaient au bout de la ligne d’arrivée. Une fois passée la ligne blanche, elle comprit qu’elle ne serait jamais apaisée, ni soulagée par son passage à l’acte. Elle ne pouvait recoller les morceaux de son enfance volée ni reconstruire ce qui avait été cassé. 

   La vengeance est un plat qui se mange froid, mais froid, le plat est immangeable et lui donnait la nausée, maintenant elle le savait, mais c’était trop tard pour avoir des regrets.














                      Retrouvez cette nouvelle dans mon recueil "A L'ABRI DES REGARDS"