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vendredi 18 novembre 2022

                                                     


 Le gigot du dimanche

Le Puy 1960




Quand papa était là et que le porte-monnaie était

bien plein, maman achetait un gros gigot.

À la boucherie, dans notre quartier bien aimé, la

Place de la Mairie.

Il y avait tous les commerces.

Papa préparait ses deux plats en terre marron,

L’un pour le gigot et l’autre pour les pommes de

terre.

C’était la coutume, dans notre quartier, de faire

cuire, le dimanche matin chez notre pâtissier du

quartier, le repas dominical.

Il n’y avait qu’une seule porte à franchir pour aller

dans son laboratoire, on était voisins.

En échange de la cuisson gratuite, papa achetait un

gros gâteau.

Souvent on mangeait ensemble avec mes Grands-

Parents.

Et maman avait toujours son morceau préféré : « la

queue ».

Mon grand-père m’envoyait chez son pâtissier à

lui « Le meilleur »

Pour aller acheter des énormes choux à la crème

chantilly.

Des fois qu’il n’y en ait eu pas assez pour toute

cette marmaille.

Grand-père nous parlait souvent de sa guerre, moi

je trouvais ça triste.

Mais il avait une façon de raconter les choses avec

des détails qui faisaient toute la différence.

Et cela devenait plaisant, et ses anecdotes nous

tenaient en haleine.

Il montrait son poing gauche, et nous, tous

ensemble on criait bien fort :

« Ça c’est l’hôpital » et le poing droit : « ça c’est la

mort. »

On le savait par cœur.

A la fin du repas, pour le dessert, Papa disait

toujours,

« Ça a un goût de revenez-y »

Greg, JP, Francis, et Filou le répétaient en cœur

Pour en avoir encore plus, c’était notre rituel.

Parfois Lucienne était là le dimanche, et c’était la

fête.

J’aimais bien ces repas en famille quand mes

parents étaient en période d’accalmie,

La vie était belle encore pour un moment,

En attendant la prochaine tempête qui pointait son

nez à l’horizon.





Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs

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