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mardi 12 mai 2020

                                           


                                       La Ferrari Rouge  

  Caro Diario 1962



   Papa avait acheté pour le Noël de Michel, une Ferrari rouge à pédales, Elle était lourde car elle était en tôle, et aussi solide que de celle de la fameuse quatre chevaux. Il l’avait cachée dans le grenier, on le savait, alors avec mes frères, on l’a cherchée, mais on ne l’a pas trouvée. 

       C’était un malin notre père. Michel qui était soigneux, et jusqu’à ce qu’il ne puisse plus y rentrer la garda dans son état d’origine, c’est-à-dire neuve. Michel avait grand soin de toutes ses affaires. C’était un petit garçon qui ne me donnait aucun souci, ainsi que Jean-Paul, il était facile pour moi de m’en occuper, pas comme Philippe qui était incontrôlable et qui ne respectait pas mes ordres à mon grand désespoir. Cela faisait rire maman, qui disait « il a mon caractère », mais pas moi. 
  
   Plus tard, devenu grand, Michel donna la voiture à Philippe, le casse-cou et casse-tout. Quand Philippe sortait de la maison, il ne se déplaçait jamais sans elle. Il allait jouer au parc du fer à cheval et pour son trajet, il n’avait trouvé rien de mieux, que de traverser le grand magasin du Puy « les Nouvelles Galeries ». Il rentrait dans la voiture, la tenait à deux mains, une de chaque côté, la soulevait Se mettait debout, et partait en marchant dans la voiture comme si elle faisait partie de lui. 

    Il aurait pu prendre la rue Saint-Gilles, mais non, pourquoi se fatiguer quand on peut traverser Les Nouvelles Galeries. Il faut dire que l’entrée de la rue des Mourgues, c était tentant, juste à côté de chez nous. Il déambulait parmi les rayons et les clients, en tenant une place pas possible avec sa Ferrari. Puis il ressortait par l’entrée principale de la place du Breuil. 

   Jusqu’au jour où le directeur des Galeries est venu frapper à la porte de la maison, en cherchant le propriétaire de la Ferrari, garée en bas dans le grand couloir de l’entrée, où grand-père avait son atelier de vitrier. Il demanda à Philippe s’il voulait bien accepter ce carton plein de jouets qu’il tenait dans ses bras, et en échange, s’il pouvait les prochaines fois qu’il sortait sa voiture du garage, faire le tour par la rue Saint-Gilles pour aller au parc. 
Bien sûr Philippe dit OUI, et il prit le carton de jouets.

     C’était une affaire bien menée, Philippe, même tout petit, avait déjà tout compris et savait ce qu’il fallait faire pour se débrouiller dans la vie. La débrouillardise était devenue sa philosophie pour la vie, et la voiture une épave, ce qui me mettait en colère, car Michel en avait toujours pris grand soin. 













 

               Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs




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