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mercredi 15 juillet 2020

                                    

Le scalp de Philippe 

1964
   Caro Diario 



       Comme toujours à la maison dans la cuisine, mes frères jouaient aux cow-boys et aux indiens. Papa était sorti acheter du jambon pour le repas du soir à l’économat de la Place du plot. 

   Pendant sa courte absence, mes frères, dans leurs poursuites infernales, Montaient sur la table de la cuisine, Puis ouvraient la fenêtre de la cloison de la salle à manger, et passaient dans l’autre pièce. En se bousculant, la fenêtre s’est refermée au passage du dernier, Et Philippe, le cow-boy qui arrivait au galop sur son cheval, passa la tête à travers la vitre. 

      J’ai vu passer devant mes yeux un morceau de chair humaine Avec des cheveux pleins de sang, gros comme une pièce de cinq francs, Et j’ai vu la tête de Philippe sanguinolente. 

    Affolée, je suis allée à la fenêtre pour appeler papa qui déjà était sur le retour. Papa prit le SCALP dans une main et Philippe dans ses bras et direction l’hôpital. 

     Aux urgences, une infirmière jeta le scalp dans la poubelle de soin. Le chirurgien a été obligé de rechercher le greffon dans la poubelle pour le recoudre. 

   Maman, prévenue, les rejoignit et tomba dans les pommes. Un fois Philippe recousu, Et seulement après, maman fut relevée du sol où elle se trouvait encore allongée. 

      Maman a toujours craint le sang. Et nous revoilà de nouveau tous réunis à la maison, Philippe avec son crâne rasé et recousu, Le héros du jour. Maintenant, ça c’est sûr, C’est un vrai cow-boy. 

      Il a été scalpé par les Indiens Et depuis, Il a sur le crâne, Une tonsure, Grosse comme une pièce de cinq francs.




                       Retrouvez cette nouvelle dans "Des Mots pour mes Maux et souvenirs



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